Monnaies d’entreprises, monnaies virtuelles, monnaies du futur ? (1/3)
1-. Contexte
Regardez ce graphique montrant la dette des divers agents économiques US rapportée au PIB :
Suite à la crise démarrée en 2007-2008, les états ont remplacé une partie de l’endettement privé par de l’endettement public. Cette démarche comporte un risque immense qui s’est matérialisé en Islande, à Dubaï (demain la Grèce ?) avec la quasi faillite de certains pays.
Les problèmes structurels que nous connaissons ont une origine purement monétaire.
Ce n’est pas sans raison qui Rothschild a déclaré : « Permettez-moi d’émettre et de contrôler les ressources monétaires d’un pays et je me moque de celui qui écrit ses lois. »
2-. Avant d’aller plus loin voyons quelques définitions :
- Monnaie : Une monnaie est un bien ayant trois propriétés fondamentales : il sert de numéraire (moyen de paiement pour acheter tout autre bien), de réserve de valeur (il garde à peu près la même valeur d’un jour à l’autre) et d’unité de compte. Pour servir de monnaie, un bien doit donc être facile à transporter (numéraire), durable ou facilement renouvelable (réserve de valeur) et à mesurer en unités communes (unité de compte).
- Monnaie métallique : C’est la monnaie divisionnaire ou monnaie d’appoint. Elle n’a aucune valeur marchande et sert principalement aux petits achats.
- Monnaie fiduciaire : Ce sont les billets en circulation. Fiduciaire vient du latin Fides et signifie confiance. C’est un élément essentiel pour une monnaie, la confiance. La valeur d’échange est conventionnelle.
- Monnaie scripturale : Est constituée par les écritures représentant les dépôts à vue dans les banques.
- Monnaie privée : « La monnaie privée est un type de monnaie dont l’émission et la garantie sont assurées par une banque privée, indépendante de l’État, par opposition aux monnaies habituelles, soumises à un monopole d’émission et garantie par un État ou un traité entre États. »
- Monnaie virtuelle : Au lieu de vous fournir une définition, je vous renvoie à cet article. Si vous avez la flemme d’aller le lire, nous considérerons que la monnaie virtuelle est une nouvelle forme de monnaie privée (titre de l’article mais sans le ?).
- Le seigneuriage : Le seigneuriage est l’avantage financier direct qui découle, pour l’émetteur, de l’émission d’une monnaie. Dans le cas de la monnaie fiduciaire, émise seulement par les Banques Centrales, il est égal au montant émis, moins ses coûts de fabrication, de mise en circulation et d’entretien (remplacement des espèces usagées). S’ajoutent à ce revenu les intérêts de refinancement du système bancaire par l’institut d’émission.
3-. Les exagérations des états
Les états ont bien rapidement compris l’intérêt de maîtriser leur monnaie qui constitue le sang de l’économie. Malheureusement, les états ont de tout temps profiter de ce privilège pour financer des déficits par de la création monétaire trop abondante. Mécaniquement la monnaie perdait de la valeur et par corolaire les prix augmentaient.
- A l’époque de la monnaie métallique (or ou argent), pour créer une plus grande quantité de monnaie à partir d’un même volume de métal précieux, les seigneurs diminuaient le titre de la pièce. Dans ces circonstances, ne circule plus que la mauvaise monnaie. Il s’agit de la loi de Gresham : « La mauvaise monnaie chasse la bonne« .
- Un autre exemple de création monétaire incontrôlée : les assignats. Sur une idée du député Talleyrand, l’Assemblée nationale a, en 1789, décidé de confisquer les biens du clergé pour éponger une partie de la dette de l’état. La réalisation de la vente des biens saisis prenant du temps, des assignats ont été émis. Il s’agissait en fait de titres d’emprunt dont le remboursement était « garanti » par la vente de l’objet de la saisie. Ces assignats avaient pour vocation à être détruits lors de leur retour dans les mains de l’état. Malheureusement, c’est tout le contraire qui a eu lieu, il sen ont imprimé toujours plus provoquant une perte de sa valeur de 60% en 3 ans. En 1796, des assignats avaient été imprimés pour un total de 45.000.000.000 de livres alors que la valeur des biens saisis dépassait à peine les 3 milliards. Au final, les assignats ont été retirés de la circulation sur base de 1 franc pour 30 francs assignats.
- Un dernier exemple bien connu s’est produit en Allemagne début des années 20 sous le régime de la république de Weimar. Les réparations demandées à l’Allemagne pour les dommages causées lors de WWI étaient telles que le pays a imprimé des Mark en quantité incroyable. D’un taux de change de 1$ pour 4 marks, on est passé à 4.200.000.000.000 marks pour 1$ quelques mois plus tard.
4-. La situation actuelle
Progressivement, les agents économiques perdent confiance dans les devises et plus particulièrement dans la monnaie des échanges internationaux : le Dollar.
Le dollar a déjà perdu (selon les sources officielles) en moins d’un siècle plus de 80 % de sa valeur :
Cliquez sur l’image pour accéder au calculateur.
L’inflation constitue en fait un impôt déguisé beaucoup plus facile à faire accepter par la population. En effet, tous les détenteurs de monnaie, les créanciers et les titulaires de revenus fixes sont frappés par la perte de valeur de leurs avoirs présents ou à venir.
La dépréciation du dollar par rapport à la valeur des biens et service a été forte mais s’est étalée sur une longue durée. Mais suite à la crise la création monétaire s’est accélérée. Jetez un oeil sur le graphique de la base monétaire aux USA :
Quelles peuvent être les conséquences … (la suite mardi après midi)
— Posted on décembre 6, 2009 at 6:12 by Vansnick